L’art de la pêche à la mouche

Munis de leurs fouets et de leurs mouches artificielles, 80 000 passionnés traquent la truite ou l’omble au bord des cours d’eau français. Un loisir au contact de la nature qui s’élève au rang d’art. Focus sur L’art de la pêche à la mouche.

Pêche à la mouche : du doigté et du rythme

N’est pas pêcheur à la mouche qui veut. Aussi séduisant soit-il, ce type de pêche est celui d’entre tous qui demande le plus de savoir-faire. Ce n’est qu’après un long apprentissage technique, une connaissance des poissons ainsi que des leurres et une maîtrise du milieu que l’on peut espérer se faire plaisir en pleine nature.

Le lancer est l’une des clés essentielles de la réussite, qui ne s’acquière correctement qu’auprès d’un instructeur ou d’un ami expérimenté. Grâce à des mouvements de canne précis, un bon lancer est censé imiter le vol d’un insecte pour appâter et tromper le poisson.

Il doit de plus s’adapter au terrain en évitant un grand nombre d’obstacles (branchages, plantes, rochers…). Aussi sa technique décline-t-elle plusieurs variantes selon les situations : lancer droit, horizontal, roulé, projeté…

Des appâts pour faire mouche

De la laine, des perles, des oreilles de lapin, de la fourrure de taupe, du crin de cheval, du fil, du duvet, des plumes de coq, de canard, de faisan ou d’autruche… Ce ne sont que quelques uns des ingrédients qui entrent dans la fabrication des mouches artificielles.

Si on en trouve de toutes sortes dans le commerce, le vrai moucheur préfère se les confectionner lui-même. Des connaissances d’entomologie lui sont indispensables car les leurres, pour justement « faire mouche », doivent souvent s’inspirer des formes et des teintes d’insectes existants.

Le moucheur en dispose généralement d’un cinquantaine. En effet, chaque saison, chaque terrain, chaque climat et chaque espèce de poisson requière un appât particulier. Ce n’est qu’après plusieurs années de pratique que l’on parvient à connaître ses leurres au point de savoir les utiliser en toutes circonstances.

Respect de la nature et des poissons

La rivière rebondit de rochers en rochers dans un décor de rêve. Immobile sur la berge tapissée d’herbe grasse, le moucheur est aux aguets, scrutant l’eau en quête du moindre signe laissant espérer la présence d’une truite.

D’un geste discret, il déroule sa soie (le fil), fait tournoyer la mouche artificielle au moyen de son fouet, esquissant de grandes arabesques au-dessus de l’eau limpide. Le leurre se pose délicatement sur un « poste » – le pourtour d’un rocher, les racines d’une berge ou l’écume d’une chute susceptibles d’abriter une truite.

La mouche est gobée d’un coup sec, sonnant le début d’un combat disputé entre le pêcheur et sa proie. Lorsqu’elle finit dans l’épuisette, cette dernière n’est que rarement blessée et peut être relâchée sans séquelle. Car s’il est un principe que les moucheurs partagent, c’est bien le respect de la nature et du poisson.

Un réseau hydraulique étendu

Pratiquée depuis le XVIIe siècle dans les îles britanniques, la pêche à la mouche ne fut introduite en France qu’avant la deuxième guerre mondiale. Elle compte aujourd’hui des dizaines de milliers de passionnés qui disposent d’un réseau hydraulique particulièrement étendu.

De la Loue à la Dordogne, des gorges corses à la Moselle, de l’Allier à la Sorgue, les paradis pour moucheurs sont légion, après avoir été, pour certains, sauvés in extremis de la pollution et du braconnage par des plans d’urgence et de réintroduction d’espèces.

La pêche à la mouche ne s’est jamais aussi bien portée : elle possède sa fédération, ses nombreux clubs, ses revues spécialisées, son salon annuel à Paris (voir guide pratique) et, signe des temps, un nombre croissant d’adeptes dans la gent féminine.

Les 3 principaux salmonidés

  • La truite fario : d’une trentaine de centimètres dans les rivières et étangs riches en éléments nutritionnels, deux fois plus petite dans les lacs de montagnes, la fario est une truite sauvage qui se caractérise par des tâches rouges ou orangées sur son flanc. Elle s’avère d’une grande combativité.
  • L’omble : ce poisson argenté, d’une taille de 30 à 60 cm, est particulièrement sensible à la pollution. Il vit généralement en groupes dans les parties rapides des cours d’eau. Les plus fortes populations se trouvent dans le Massif central.
  • Le saumon : la prise noble par excellence ! Atteignant à sa maturité la taille d’1 mètre, le saumon est un poisson migrateur qui quitte la mer pour remonter vers les eaux douces (jusqu’à 500 km pour l’Allier !).

Carnet pratique de la pêche à la mouche

L’équipement de la pêche à la mouche

Un fouet en fibre de carbone d’environ 2,5 m (à partir de 100 euros), un moulinet (à partir de 9 euros), une soie (à partir de 17 euros), des mouches (à partir de 1 euro pièce), des waders (bottes-salopette imperméable, à partir de 100 euros), une épuisette (à partir de 20 euros).

Saison de la pêche à la mouche

De début mars à fin septembre pour la pêche à la truite dans les cours d’eau de première catégorie et de début mars à fin décembre pour les cours d’eau de seconde catégorie.

Les meilleures rivières

La Dordogne (Corrèze), la Loue (Doubs), la Haute-Seine (Côte d’or), les Gaves Pyrénéens (Pyrénées Atlantiques), l’Elorn (Finistère), la Risle (Eure), la Sorgue (Vaucluse), la Moselle (Vosges).